Quinze élèves de la classe de troisième d’insertion du collège Jean-Zay de Lens vont initier les aînés du comité des sages de Lens aux plaisirs d’Internet.
Un rencart au collège Jean-Zay entre deux générations opposées. Pendant trois semaines, quinze élèves scolarisés en troisième d’insertion vont, chaque mardi après-midi, aider les adhérents du comité des sages de Lens à surfer sur la Toile.
Répartis dans deux salles différentes, les anciens se sont installés à côté de leur petit jeune. Aujourd’hui, les aînés tendent les oreilles et assimilent les conseils. La séance a débuté depuis trente minutes, le 3 janvier. Ambiance décontractée. « Regardez ce que j’ai trouvé. « Procrastination », j’ai entendu ça à la télé ce midi », se réjouit Ginette, 73 ans.
À ses côtés Brandon est des plus à l’aise. « Elle ne trouvait pas la définition… alors on a regardé sur wikipédia. » Logique pour le jeune homme, moins pour sa voisine. Devant eux, André, 80 ans, a des besoins différents. « On a cherché des matériaux pour faire le parquet de son garage », explique Ludovic, quinze ans. Des recherches pratiques et des conseils techniques. Comment trouver des horaires de train, envoyer un courriel, réaliser une carte de voeux ou poster une petite annonce… Ces jeunes s’appliquent, font preuve de patience et se prennent au jeu.
Les collégiens, qui ont connu des difficultés scolaires, « se mettent en situation de réussite grâce à ces séances, cela va les valoriser », assure Grégory Hober, professeur principal de la classe de troisième. L’initiation est également une façon d’évaluer les élèves sur leurs compétences. « Tous les ans on essaye d’avoir des projets pour élargir les horizons. Là on travaille sur la citoyenneté », souligne l’enseignant.
Un rendez-vous avec les jeunes. « On intervient ici depuis trois ans, rappelle Jean-Claude Hubert, secrétaire du comité des sages de Lens. Au premier trimestre, nous sommes intervenus sur la question « comment c’était de votre temps ». On a abordé l’école, les profs sévères, la drogue, les rapports avec les filles… » Là, les rôles se sont inversés. « J’ai même été bien surpris de l’attitude de certains », confie l’enseignant. À trente minutes de la fin, toujours la même ambiance du côté de Ginette et Brandon. « Il est content de moi parce que je tape vite », précise la septuagénaire bavarde.
« Avec mes enfants c’est tu cliques là, là… et moi j’oublie tout. Brandon est patient. » Entre deux blagues, au travail. « Je voudrais bien voir Intouchables… » Ni une ni deux, Brandon cherche mais « c’est légal », assure-t-il.
D. K.
[Source : L’avenir de l’Artois]