Troubles de l’audition : les Sages tendent l’oreille

Olivier Kosztur au pays de la trompe d'Eustache.

Les troubles de l’audition étaient le sujet abordé par le comité des Sages, hier matin, 19/1/12, salle Paul-Sion. …

La présence de soixante-cinq personnes traduisait l’intérêt des seniors pour ce sujet… parlant ! Prenez la presbyacousie, pas encore aussi connue que son alter ego oculaire, la presbytie. « C’est un vieillissement précoce de l’audition. Avant, on ne le connaissait pas parce qu’on ne vivait pas suffisamment longtemps pour le vivre… c’était un peu « pas de bras pas de chocolat » », explique Olivier Kosztur, l’audioprothésiste diplômé d’État appelé par les Sages.

« Et les jeunes, ça ne vieillit pas chez eux quand ils mettent la musique forte ? » s’interroge une auditrice. Non, répond le spécialiste. Mais c’est pire ! Il parle dans ce cas de traumatisme par la perte irréversible de cellules ciliaires. « On ne fait pas une génération de malentendants mais de sourds », prévient l’intervenant face aux pratiques extrêmes de jeunes mal informés en matière auditive.

Certains troubles peuvent parfois se régler simplement. Connaissez-vous la technique du pilote d’avion qui se bouche le nez, ferme la bouche puis souffle un bon coup ? Une idée à reprendre pour tous ceux qui se retrouvent avec la trompe d’Eustache bouchée, en prenant l’avion ou même en descendant la montagne… « Même chez nous, quand on éternue… On se sent mieux ! » intervient une autre auditrice. C’est vrai, toutes les techniques sont bonnes pour remettre le tympan en place !

Surdité brusque et acouphènes
Plus anxiogène, la surdité brusque jette un froid dans l’assistance. « C’est une urgence clinique, on a huit heures pour intervenir, il faut aller au plus tôt faire une perfusion aux urgences », précise Olivier Kosztur. Et il ajoute : « Ça peut arriver quel que soit l’âge du patient… » Un traumatisme d’ordre vasculaire est à l’origine de cette pathologie. Ne pas hésiter donc à consulter son médecin en cas de surdité subite.

« Et les acouphènes ? » Une Lensoise s’intéresse à cette sensation gênante d’avoir un bourdon qui fait son nid entre le marteau et l’étrier. « Il n’y a pas de solution miracle », estime l’audioprothésiste à propos de ce mot dont tout le monde parle. « Un acouphène, c’est un bruit qui ressemble au sifflement d’une cocotte ou au tintement d’une cloche… On arrive à le masquer mais le soir, quand on retire l’appareil auditif, il revient. » Quant aux appareils qui se vendraient comme « masqueurs d’acouphènes », l’homme dit ne peut y croire, vingt ans d’expérience à la clé. Lui préconise le yoga, la natation, la détente. On peut aussi mettre dans la maison un petit bruit de fond ou une musique d’ambiance qui permet d’atténuer les désagréments liés aux acouphènes. Une chose est sûre : le vieillissement commence toujours par les fréquences aiguës. « J’entends mais je ne comprends pas », est une phrase qui revient souvent chez une personne qui, un an plus tôt, arrivait à suivre la conversation à table et qui, cette fois-ci, se retrouve un peu seule. Comme on dit, mieux vaut agir avant de se retrouver à faire la vaisselle !

Philippe Bessin
[Source : La Voix du Nord]