#Conférence de Catherine PLESSIS sur Auguste LABOURET (1/3/2018)

                   CONFÉRENCE :   Auguste Adolphe Labouret

Peu connu en France mais œuvre foisonnante et colossale
Né le 20 mars 1871 à Laon (Aisne). Près de la cathédrale d’Hirson par laquelle il est très impressionné.
Mort le 13 février 1964 au Crozon dans le Finistère.
On peut le surnommer le Gargantua du vitrail et de la mosaïque.

I- Une carrière atypique

A- Réorientation

Il est né à Laon et est très impressionné par la cathédrale.
En 1879, le papa est nommé conseiller de la Cour d’Appel d’Amiens.
Il se promène souvent près de la cathédrale, avec son voisin Jules Verne. Auguste a alors 8 ans.
Il fait son lycée à Amiens.
Sa mère est Marie Albertine Millet d’Hirson. Il a 3 frères et 1 soeur.
Chez les Labouret, le GP paternel est notaire,, l’autre grand père est juge de paix Emile Adolphe le père est avoué, donc Auguste fait des études de droit à la faculté de Paris. Quand il arrive à Paris, il visite tous les musées.
Mais 2 ans après le début de ses études, il abandonne et s’inscrit aux Beaux-arts section peinture, il suit des cours à l’Ecole du Louvre, de l’Académie Julian et l’Académie Calarossi.
En 1899, il fait le portrait de son père. Sa petite-fille Claire l’a offert au musée d’Hirson en 1965.
Le musée d’Hirson est d’ailleurs installé dans ce qui fut la maison des Labouret jq en 1927. C’est une belle demeure du 18ème siècle.
Adolphe Labouret est représenté en robe rouge de magistrat.
Sa 1ere passion est la dessin, la 2eme est l’architecture mais c’est sur le vitrail qu’il se focalise.
 » Après l’architecture, le vitrail est les plus vivant des arts plastiques. »
Pour lui l’architecture est le support du vitrail.
En 1902, il est maître-verrier.
Son atelier est au 42 rue du Cherche-Midi à paris. ll a 29 ans ensuite il sera rue Boulard
Il expose en 1903 au 1er salon d’Automne au petit Palais à Paris avec un vitrail nommé Vague. Ce salon existe depuis 1903 d’abord au petit palais et ensuite au grand palais. Une exposition d’art y a lieu tous les ans. le but est était de faire découvrir l’impressionnisme et d’offrir des débouchés aux jeunes artistes.
Ce salon est une association d’artistes sans but lucratif né en 1903. (existe encore).
En 1906, il épouse Jeanne Sauer et en 1908 il est le papa d’une petite Claire en 1908 qui travaillera avec lui.

B- Des débuts très prometteurs

– En 1909 il réalise 14 vitraux pour la nouvelle église d’Hirson.
– En 1913, il est fait officier de l’instruction publique
– Il est sociétaire du salon d’Automne, depuis son existence et de la société des Artistes décorateurs, fondée en 1904 depuis 1912.
C’est un salon qui existe depuis 1904 tous les ans d’abord puis tous les 2 ans. Il connait son apogée au moment du style art Déco.
– Il participe à toutes leurs manifestations: des expositions à Milan, Anvers, Liège, Bruxelles, Rome, Philadelphie, New-York et Buenos-Aires.
– Il est vice-président du jury à l’école des Métiers, membre du jury à l’exposition nationale du travail et de l’école des Arts appliqués à l’industrie.
– Il est lauréat de la Société d’architecture: prix Sédille
1er prix des fontaines lumineuses à Barcelone et présiden t du syndicat général des cristalleries et verreries d’Art en France.Ses matériaux de prédilection sont le verre et le marbre.
– Il participe à la 1ere guerre et il fait des croquis.
– En 1919 il est chargé par l’administration des beaux arts d’établir l’état des verrières classées de France avec devis. Il est agrée par la commission des monuments historiques pour la restauration des vitraux anciens des monuments historiques. Il restaure donc les vitraux de la cathédrale d’Amiens de quimper, de Rouen de Soissons, de la basilique, de st Quentin, de la sainte Chapelle.
– Il est reconnu par ses pairs et par l’Etat comme un professionnel compétent.
– En 1920 et 1921, c’est en bicyclette qu’il expertise les vitraux des églises de Bretagne et les restaure.
 » En entrant dans une vieille église, il me semble que j’entre dans mon âme » C’est alors que débute une passion pour la Bretagne.
– En 1921 il achète une propriété à Kervéron en Crozon dans la presqu’ile du Crozon au sud de Brest et au nord de Douarnenez, site de menhirs) et réalise de nombreux vitraux en Bretagne: le Folgöet dont la basilique ND est classée monument historique dès 1840, Penmarec’h (1954), St Pol de Léon 1954 près de l’île de Batz pas très loin de Lannion et de Perros-Guirec, Morlaix, 1956, à Roscanvel dans l’église st Eloi Brest…

C- Un inventeur

« l’âme du vitrail c’est la lumière »
Labouret est un chercheur, c’est un restaurateur théoricien.

Il est frustré par le manque d’étanchéité du plomb qui est le support du vitrail.
Dépose un brevet: n°756065 en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne et en Angleterre.
Pour un vitrail en dalle de verre cloisonné en ciment au lieu de baguettes de plomb.
Système utilisé jusque dans les années 60-70. Le verre (le cristal) en fusion est coulé sur une surface plane.
La galette de verre refroidie lentement et on y découpe les morceaux de verre voulus.
On taille les morceaux de 2 à 3cm à la taille et forme voulues avec un coin et un marteau.
Il utilise la marteline qui est un vieux marteau qu’utilisaient les mosaïstes romains et grecs pour tailler le verre, il obtient ainsi une transparence colorée qui s’oppose au ciment opaque.
C’est le martelage ou l’écaillage qui provoque des microfissures dans la masse qui reflètent d’où une brillance et des nuances très riches. (comme un diamant).
La marteline est toujours utilisée en verrosaïque pour le travail du smati, du marbre et de la pierre. Le manche est en bois et la tête en acier.
Puis on dépose ces morceaux dans un coffrage de tasseaux de bois où on coule du béton, qui forme l’armature. C’est donc très lourd. Aujourd’hui on utilise de l’époxy. (polymère- résine) (4cm contre 1cm).

En 1932, il présente cette nouvelle technique au salon des artistes décorateurs avec la vitrail appelé le St Hubert.
Il remet aussi au goût du jour le granito-ciment avec des joints de dilatation en cuivre ou en aluminium. Grains ou éclats de marbre liés avec un ciment blanc ou gris qui peut être coloré.
« Après 15 ans d’études, d’essais, d’améliorations constantes, je puis vous affirmer que ma nouvelle technique est durable pour 1000 ans, contre toute contradiction par le froid ou de la dilatation par la chaleur ». il avait raison!

II- Une œuvre foisonnante
Il ne refuse jamais un travail

A- Un travail de titan:
Enorme travail par la quantité de commandes honorées et par la diversité de ses lieux d’intervention.
– Il a travaillé pour le paquebot le Normandie, symbole de la France  des années 30, dans la salle à manger de 1ere classe: des murs de verre.Le verre est gravé, ciselé, bosselé, soit bouchardé. 1500m2 en 1935.
Dans la salle, il y a aussi 6 grands cylindres pyramidaux de verre et 30 appliques de 5 m de hauteur qui se reflètent dans les murs de verres.
Ceci est important car la salle à manger est aveugle.

– En 1937, il participe à l’expo universelle Il est président de la classe vitraux.

– En 1938, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur

– En 1938, il commence les mosaïques de la Basilique Sainte Anne de Beaupré au Canada Visitée par plus d’un million de visiteurs par an. C’est la 2eme plus grande d’Amérique du nord. Pour lui son chef d’œuvre. 2600m2. Les voûtes du choeur et de la nef ainsi que les mur du déambulatoire sont consacrés à Ste Anne. ,
Les 240 vitraux évoquent la dévotion de Ste Anne au Québec et son rayonnement en Amérique. Les murs du déambulatoire. Parti en 1940 pour en surveiller la pose, il ne rentrera qu’en 1945 à cause de la guerre. En 1945, il a alors 74 ans il obtient un prix pour la réalisation des 240 vitraux de Ste Anne.

Il est intervenu
♦ Dans les grands magasins:
décoration des Galeries La Fayette Haussmann à Paris, au Bon marché à Paris, il décore le pavillon en 1925,

♦ Pour l’Etat
– À l’office du tourisme de Paris (le sol en mosaïque), L’hôtel du ministère des affaires étrangères à Paris. En 1938, il redécore pour la venue des souverains britanniques, George VI et sa femme, les salles de bains des appartements du quai d’Orsay
« L’or étant réparti à profusion dans les appartements contigus, trois taches d’or rappellent cette tonalité dominante: la baignoire, le lavabo et le grand panneau de verre gravé, placé comme une tapisserie derrière la baignoire. Comme fond, le sol et la plinthe de marbre noir, et les murs laqués de teinte mordorée.
La baignoire entièrement revêtue de mosaïque de Venise, forme un bloc d’or étincelant se détachant sur un large socle de marbre noir, incrusté de motifs de cuivre. Le lavabo comporte un pied den verre taillée… La pièce capitale, le grand panneau décoratif en dalles de verre de 4 cm d’épaisseur… »
extrait de la Revue Glaces et verres d’octobre 1938.
– L’hôtel consulaire de la chambre de commerce et d’industrie à Cambrai.
– La mairie du XVIème arrondissement de Paris l’hôtel de ville de Béthune entre 1926 et 1928 avec des vitraux en verre martelé.
– Pour la mairie de Bois-Colombes en 1936.

♦ Pour des banques
Il fait les vitraux de la Caisse d’Epargne de Cambrai.

♦ Dans les églises
– à l’église Notre Dame de Bonne Nouvelle de l’Hôpital-Camfrout, de l’église st Julien de Courville dans la Marne,
– Celles de Ste Odile de Paris, il réalise un autel en verre sculpté et les cabochons de la grille d’entrée,
– de St Léon à Paris finie par Claire en 1943, aidée de Pierre Chaudière un dessinateur très vite embauché par Auguste.
– de st Louis de Grenay: De la Chapelle de Bon Sauveur de Picauville dans la Manche, de St Eloi d’Hautmont dans le Nord, en 1959 , de l’église Ste Thérèse de Poitiers. – la cité 5 de la compagnie des Mines de Béthune,
– Celle de Ste Eugénie de Soissons dans l’Aisne: il avait proposé à l’abbé Raviart de Soissons sa nouvelle technique des 1932. En 1933 il présente 3 vitraux du transept: annonciation, adoration de la vierge et nativité. Il réalise aussi les mosaïques et les verrières de cette église. De 1950 à 1958, il remplace les vitraux endommagés par la guerre.
il fait les 14 vitraux de l’église d’Hirson dès 1909.
– A propos de l’église St Eloi de Roscanvel dans le Finistère: elle date du XIIème siècle. Elle été bombardée durant la 2nde Guerre. par les Américains Le recteur Pierre Tuarze commande des vitraux après la guerre pour les pays il organise des kermesses demande des dons, des subventions. Labouret fait 11 vitraux en 5 ans. (1950) au prix du verre.
Mais le 3 septembre 1956 l’église brûle.une vierge en sort indemne ainsi que les 11 vitraux. Ils ont quand même souffert car les pompiers ont utilisé de l’eau de mer… donc salée! Cependant ce sont les mêmes vitraux encore en 2006.

♦ Dans les restaurants et les hôtels
– Le restaurant Prunier 16 avenue Victor Hugo à Paris. Les tables sont en mosaïque. Et la façade. Les mosaïque du restaurant Drouant.
– L’hôtel Plazza de Biarritz en 1928 dont l’architecte est Boileau.

♦ Dans les écoles
– L’école des filles à paris dans le 13eme arrondissement
– De 1932 à 1936, le lycée Marie Curie de Sceaux. 8 mosaïques arts déco les joies des arts et du sport, explications sur la photocopie.
– L’école polytechnique

♦ Dans les gares
– Il travaille pour la compagnie du Nord
– La gare de st Quentin : décoration du Hall, le bureau de poste et le buffet.
Lire le passage du fascicule remis par l’office du tourisme de ST Quentin.
–  Mais aussi les gares de Paris-St Lazare, d’Albert, Chauny, Lens, Lyon, Noyon, Longueau et de Tergnier.
– Pour la gare de Lens, il crée des mosaïques en grès cérame sur le travail des mineurs et l’importance du charbon.et de l’industrie. Il a foi dans le progrès. (influence de Jules Verne).
On y voit l’influence de l’art Déco.
Des mineurs se dirigent vers la fosse avec la barrette sur la tète, le pic sur l’épaule et la lampe dans la main. derrière on voit les terrils, les chevalements et les cheminées. . De l’autre côté les mineurs rentrent chez eux la tète basse ils sont fatigués.
Sur les autres on voit les nouveaux moyens de transport: le train, le bateau à vapeur.

♦ Dans les casinos
Vittel, Dieppe, paris-Plage, Vichy.

♦ Dans les théâtres, les cinémas (le Rex) , les Folies Bergères.

♦ Dans les musées:
Comme le musée océanographique de Biarritz.

♦ Dans les paquebots:
– le Normandie mais aussi le Cambodge, le Pierre Loti, le de Grasse, le Chichibu pour le Japon.

Il a travaillé en France, en Angleterre, Italie, Allemagne, Portugal, Cuba, Japon, Canada, Amérique du Sud.

Il a fait aussi beaucoup de rénovations.

B- le devenir de cette œuvre

Il ferme son atelier en 1962 après 60 ans de carrière
Il a pu réaliser sa conception du travail.
 » A quoi bon travailler, dit-on puisque le travail ne mène à rien? Erreur, le travail mène au bonheur ».
Il se retire à Kervéron. Il meurt le 13 février 1964.

C’est aussi un humaniste il écrit beaucoup. Pour lui, l’artiste est un messager. L’œuvre d’art, message de l’artiste est un don de lui même.

Il n’a jamais voulu passer à la production industrielle:

 » Croyez moi mes idées viennent aussi des connaissances liturgique et théologiques.(…) mes études permettent d’adapter la théologie et l’histoire sacrée à l’art plastique religieux. »

Un poème de Minloute est fait sur lui le 27 juillet 2017.

En 2006, les vitraux de Roscanvel sont remplacés par des copies et sont vendus. Le musée d’Hirson a acheté pour 4300 euros: le vitrail Catherine d’Alexandrie.et des morceaux .
Ceux qui ont été achetés ont été restaurés par Jacques Soubigou.

De nombreuses expo sont faites sur lui: en 2011 les amis du Folgoet

Tous les ans à l’Hopital-Camfrout des expos sont faites

Myriam Simard est une habitant de ste Anne Beaupré au Québec;
Elle a retrouvé des carnets et des lettres d’a. Labouret au domicile de ses parents.
Ceux-ci avaient hébergé de 38 à 45
Elle a tout remis au musée d’Hirson en 2013.

Maître verrier, maître mosaïste, sculpteur de verre, décorateur. Il a toujours voulu inventer, créer même quand son nom était connu et reconnu.
On s’étonne donc de son manque de notoriété en France.

Conférence de Catherine PLESSIS – Lens, le 1er mars 2018